Deux années et demie se sont écoulées depuis le début de la pandémie de Covid-19. L’heure est au bilan pour le tourisme tunisien. Le premier rapport officiel du ministère pour 2022 annonce 4,1 millions de visiteurs entre le 1er janvier et le 10 septembre. Cette croissance de l’ordre de 161,4 % sur un an est cependant tempérée par retard de 38,1 % par rapport aux chiffres de 2019.
Un rebond sur un an, mais un net retard par rapport à 2022
Malgré la levée de la plupart des restrictions mises en place en 2020 pour freiner la propagation du virus, le secteur du tourisme a connu un exercice 2021 morose. Tout comme le nombre de visiteurs, les recettes ont connu une nette amélioration entre 2021 et 2022. Sur les 8 premiers mois de cette année, 2 663 milliards de dinars ont été encaissés (+82 %), mais les revenus de 2019 restent supérieurs de 29,4 % à ce montant.
Le scénario est similaire concernant le nombre de nuitées (plus de 12 700 000 jusqu’à fin août 2022). Par rapport à 2021, elle affiche une progression de 148,2 % sur un an, mais en retard de 39,4 % en comparaison avec 2019. D’après la présidente de la Fédération hôtelière FTH, de nombreux hôtels ont dû réduire leur capacité en raison d’un taux de remplissage trop bas en dépit d’une légère amélioration après la chute de 80 % subie en 2020. Même maintenant, les hôteliers ne pensent pas à la rentabilité, mais se contentent de sortir la tête de l’eau.
Quant aux exportations du secteur de l’artisanat, il affiche 86 millions de dinars de revenus sur la période, en hausse de 49,5 % d’une année à l’autre. Pour l’ensemble de l’année, ils devraient s’établir à 95 millions de dinars.
Malgré une amélioration appréciable, le rapport du ministère du Tourisme annonce un manque à gagner de l’ordre de 9 milliards de dinars tunisiens pour le secteur du tourisme durement impacté par la crise sanitaire. Cet écart s’explique par la faiblesse, à la fois du nombre de passagers et des sommes dépensées par les touristes durant leur séjour. Si l’objectif de revenir à 50 % ou 60 % du niveau d’activité de 2019 visé par le plan du gouvernement Bouden a été atteint, il est jugé modeste.
Un plan gouvernemental mis en place pour accélérer la reprise
Le plan incluait entre autres des mesures pour encourager le retour des croisières en Tunisie, et celles-ci ont visiblement porté leurs fruits. Entre le 1er janvier et le 31 août, le pays a accueilli 29 navires transportant 28 000 passagers et 14 autres bateaux sont attendus pour le reste de l’année. Ce segment a d’ailleurs été l’un des moteurs de l’embellie observée depuis le début de cette année. En 2023, 50 croisières au total sont attendues.
Selon l’autorité de tutelle, l’activité touristique devrait revenir à la normale en 2024 sous réserve que l’offre soit diversifiée et adaptée aux changements créés par la pandémie, notamment les nouvelles exigences des consommateurs. Désormais, le pays ne peut plus compter sur le tourisme de masse autour des plages et des promenades en chameau. Les professionnels misent en particulier sur le développement de sites encore inexploités comme le sud, les zones intérieures et le littoral carthaginois, aux portes de Tunis.
Le ministère du Tourisme déclare d’ailleurs plancher sur une cartographie numérique de l’artisanat, qui sera baptisé « Atlas ». Le projet a vocation à mettre en valeur le patrimoine matériel de la Tunisie et à mettre sur pied un centre de ressources virtuelles. Par ailleurs, depuis le début de l’année, les acteurs du tourisme font l’objet de contrôles plus stricts. Les 7 323 opérations menées par les autorités ont donné lieu à 214 prises de décision. 50 établissements hôteliers et agences de voyages ont ainsi été fermés.