Plus de deux ans après le début de la crise sanitaire, le secteur du transport aérien en Asie peine à redécoller. Le marché de l’Asie du Sud Est, en particulier, n’a pas encore retrouvé sa croissance, bien que le trafic de Singapour et de la Thaïlande reparte à la hausse. Les spécialistes du marché ont identifié plusieurs facteurs qui pourraient retarder une reprise complète.
Une capacité toujours inférieure à celle de 2019 malgré les signes de reprise
D’après le site d’analyses des capacités aériennes OAG, « l’Asie du Sud-Est occupe aujourd’hui la première place du classement mondial des régions en termes de croissance annuelle du nombre de sièges ». D’après les chiffres communiqués le 5 septembre 2022, cet indicateur a progressé de près de 200 % sur un an.
Cette progression est attribuée à différents facteurs :
- la réouverture du terminal 4 de Singapour ;
- l’augmentation des fréquences de Thai Airways vers l’Europe ;
- la reprise des vols d’Air AsiaX vers l’Australie, ainsi que des lignes Manille-Bangkok et Manille-Brunei par Cebu Pacific ;
- le rebond des liaisons internationales de Vietnam Airlines à 80 %, incluant 5 vols hebdomadaires de Paris à Hanoï.
Cependant, l’offre actuelle reste inférieure de 28,5 % à son niveau de 2019. Ce chiffre est révélateur des difficultés que rencontrent les pays de la zone à rebondir après la pandémie. En comparaison, l’écart négatif entre les capacités de début septembre 2022 et celles d’il y a trois ans n’est plus que de 12 % pour l’Europe de l’Ouest, et de 5,7 % pour l’Amérique du Nord.
Le retard de la reprise est dû en grande partie à sa forte dépendance sur les liaisons avec l’Asie du Nord Est, notamment la Chine et le Japon. D’après OAG, 16 % des 10 millions de sièges proposés chaque semaine en 2019 reliaient la région avec ces deux pays, ainsi que la Corée. Avec le maintien de la politique « Zéro Covid » par les autorités chinoises, l’aérien pourrait ne pas retrouver sa santé dans l’immédiat. Par exemple, il a suffi du confinement de Chengdu, ville située au sud-ouest du pays, en raison d’une vague de contamination, pour faire baisser la capacité totale de 14 % en une semaine.
Une reprise complète retardée par de multiples facteurs
Sur l’ensemble de la région Asie-Pacifique, le rapport provisoire de l’Association des compagnies aériennes (AAPA) montre que le trafic prend de l’ampleur, principalement grâce aux vols passagers internationaux. D’après les données communiquées, le nombre de voyageurs comptabilisés au cours des sept premiers mois de 2022 a quintuplé d’une année à l’autre.
Entre janvier et juillet 2022, les compagnies en Asie-Pacifique ont transporté près de 43 millions de personnes. Un an plus tôt, l’Asie n’en avait compté que 8,8 millions sur la même période. Quant au coefficient d’occupation moyen de passagers internationaux, il est revenu à 80 % (+48 points), un record depuis la pandémie.
Subhas Menon, directeur général de l’association, « malgré la hausse permise par la réouverture des pays de la région aux voyages internationaux, il sera difficile d’égaler le niveau de trafic pré-pandémique ». Les chiffres de juillet 2022 sont en moyenne encore inférieurs de 66 % à ceux de 2019. La relance sera d’autant plus complexe avec l’inflation galopante, l’envolée des prix des carburants et le contexte macroéconomique et géopolitique, qui incite les voyageurs à la prudence.