L’association mondiale du tourisme d’affaires (GBTA) vient de publier son rapport annuel 2022. Celui-ci annonce une reprise plus lente que prévu. Il faudra ainsi attendre 2026 au lieu de 2024 comme initialement prévu pour revenir aux 1,4 trillion de dollars de dépenses enregistrés avant la pandémie de Covid-19.
Un retour à la normale freiné par des conditions macro-économiques défavorables
Selon le communiqué de la Global Business Travel Association (GBTA), de nombreux freins liés à la crise sanitaire ont été levés. En effet, dans la plupart des 73 pays concernés par l’étude, les frontières sont ouvertes, le taux de vaccination est suffisamment élevé, les politiques des entreprises sont favorables à la relance et le sentiment des voyageurs est positif.
Cependant, en parallèle, le contexte macro-économique s’est dégradé depuis le début de cette année. Plusieurs obstacles à une activité normale sont ainsi apparus :
- l’inflation galopante et persistante ;
- l’explosion des prix de l’énergie ;
- la guerre en Ukraine ;
- la pénurie de compétences ;
- les problèmes d’approvisionnement, aggravés par la situation en Chine ;
- les nouvelles exigences des entreprises en matière de durabilité dans le domaine du voyage.
Le rapport montre qu’en 2019, les dépenses en voyages d’affaires à travers le monde s’établissaient à 1400 milliards de dollars. En 2020, au plus fort de la pandémie, elles sont tombées à 661 milliards (52,7 %), avant de remonter à 697 milliards en 2021 (+5,5 % sur un an, mais -50 % par rapport à 2019). Pour 2022, les volumes devraient grimper à 933 milliards, en hausse de 33,8 % d’une année à l’autre, mais à 35 % en dessous du niveau pré-pandémique.
Dès 2023, plus de 3 voyageurs d’affaires sur 4 prévoient des déplacements plus nombreux que sur la période 2020-2022. Néanmoins, 73 % d’entre eux, ainsi que 86 % des décideurs de budgets de voyage interrogés en juillet dernier par la GBTA anticipent un impact fort de l’envolée des prix sur les volumes. Selon la Présidente de l’Association, Suzanne Neufang, les performances de 2019 ne seront égalées qu’en 2025, avec 1,39 trillion de dollars, et dépassées en 2026 avec environ 1,47 trillion de dollars.
Des disparités fortes selon les régions depuis 2021 jusqu’à 2026
L’évolution des dépenses de voyages d’affaires est très inégale entre les différents continents. Selon l’organisation, les hausses les plus marquées pour les prochaines années sont attendues en Amérique du Nord (+23,4 % par an) et en Europe de l’Ouest (+16,9 % de croissance annuelle jusqu’en 2026). La première a servi de moteur à la reprise l’an dernier, tandis que la seconde a été la seule région du monde à accuser un recul des dépenses en 2021 en raison de la pandémie. La GBTA estime le montant des dépenses à 363,7 milliards et 323,9 milliards de dollars respectivement d’ici 2026.
Quant à l’Asie-Pacifique, elle a fait la course en tête en 2021, principalement grâce aux voyages domestiques en Chine. En revanche, cette année, la tendance « s’est inversée » à cause de la politique chinoise du « zéro Covid », laquelle a conduit au confinement de plusieurs grandes villes du pays pendant des semaines au cours du premier semestre. S’y est ajoutée une réouverture très prudente des autres grandes destinations affaires de la région. En conséquence, le volume des dépenses du secteur affaires ne sera que de 407,1 milliards de dollars, en hausse de 16,5 %, mais à seulement 33 % en dessous des niveaux pré-Covid. Pour la Chine, les dépenses seront limitées à 286,9 milliards de dollars (+5,6 %).
Enfin, en Amérique latine, la progression a été plus lente en raison de la vaccination. Pour 2022, les dépenses du secteur devraient augmenter de 55 %, permettant une remontée à 83 % de son niveau pré-pandémique.